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L'IFRS 8 AMELIORE-T-ELLE LA QUALITÉ DE L'ENVIRONNEMENT INFORMATIONNEL DES ANALYSTES FINANCIERS ?
Lionel Touchais  1@  , Gaëlle Lenormand  2@  
1 : CREM UMR CNRS 6211  (CREM)
Université de Rennes I
IGR-IAE 11, rue Jean Macé CS 70803 35708 Rennes cedex 7 -  France
2 : CREM UMR CNRS 6211  (CREM)
université de rennes1
IGR-IAE 11, rue Jean Macé CS 70803 35708 Rennes cedex 7 -  France

 

 

 

 

Depuis 2009, les règles de publication de l'information sectorielle s'appuient sur l'IFRS 8 en remplacement de l'IAS 14. Au regard des attentes contradictoires sur l'IFRS 8, il nous semble important d'analyser dans quelle mesure les changements induits par la nouvelle norme conduisent à une amélioration de la qualité de l'environnement informationnel des analystes financiers. Répondre à cette question nous permet d'apporter des éléments de confirmation ou d'infirmation à la conclusion de l'IASB (2013) qui considère que l'application de l'IFRS 8 se traduit par une amélioration de la capacité à prévoir les résultats futurs. Jusqu'à présent, les travaux publiés sur l'IFRS 8 s'intéressent essentiellement à la mesure des changements de pratiques de publication de l'information sectorielle liés à l'application de la nouvelle norme. Ce travail permet donc également d'élargir le spectre des investigations en mesurant l'impact économique de l'approche managériale.

Sur la base d'un échantillon de groupes issus d'Euronext Paris, nous obtenons les principaux résultats suivants. Lorsque l'IFRS 8 entraîne un accroissement de la segmentation, avec des données sectorielles moins agrégées, nous constatons une augmentation du consensus, c'est-à-dire de la part des informations publiques incorporées dans les prévisions, qui s'explique par une perte de précision de l'information privée qui a pu être délaissée, en raison de son coût, au profit de données publiques dont la précision n'augmente pas malgré une segmentation affinée. Cette amélioration du consensus est toutefois obtenue au détriment de la précision des prévisions de résultats de bénéfice par action. À l'inverse, une réduction du nombre de secteurs publiés avec l'approche managériale s'accompagne d'une diminution du consensus probablement liée à la publication d'informations sectorielles plus agrégées. Pour compenser la perte de précision des données communes, l'analyste est conduit à s'appuyer de manière plus importante sur ses informations privées. Cela peut expliquer l'accroissement de la dispersion des erreurs de prévisions. Globalement, ces résultats ne valident donc pas la conclusion de l'IASB sur l'amélioration de la qualité de l'environnement informationnel des analystes financiers avec l'IFRS 8.

 


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