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La gestion du risque de prix des matières premières agricoles : le cas des coopératives de collecte-vente
Sébastien Ganneval  1@  , Erwan Le Saout  1@  
1 : Pôle de recherche interdisciplinaire en sciences du management  (PRISM)  -  Site web
Université Paris I - Panthéon-Sorbonne : EA4101
17 RUE DE LA SORBONNE 75005 PARIS -  France

Les prix des produits agricoles connaissent une instabilité sans précédent depuis le milieu des années 2000. On a pu ainsi observer de très fortes hausses en 2007/2008 avant de voir les cours s'effondrer. Cette soudaine volatilité n'est pas sans conséquence sur l'ensemble des acteurs de la filière de l‘agroalimentaire. S'ils veulent rester compétitifs, ceux-ci vont devoir s'adapter à leur nouvel environnement. Les coopératives agricoles de collecte-vente de céréales et oléagineux sont en première ligne. Elles génèrent un chiffre d'affaires en France de plus de 80 milliards d'euros. Représentant 74% du tonnage collecté en France, elles ont pour objectif de valoriser au mieux la production de leurs adhérents. De par leur statut de coopératives, ces organisations ont la particularité de reposer sur un cadre non capitaliste.

Pour gérer le risque de prix, les coopératives de collecte-vente doivent arbitrer entre un degré de couverture plus ou moins important. S'il est trop important, elles risquent de manquer des opportunités de marché, ce qui se traduira par une rémunération plus faible pour les adhérents. Si le degré de couverture est trop faible, elles risquent de remettre en cause leur marge ou de puiser dans leurs fonds propres. En outre, leurs adhérents souhaitent de plus en plus gérer seuls leur commercialisation afin de profiter d'opportunités de marchés. En conséquence, les coopératives diversifient leur offre commerciale en intégrant aux contrats d'apport des produits financiers. Ces différents changements opérés par les coopératives agricoles de collecte-vente pour s'adapter à l'environnement doivent se faire en respectant les fondements du modèle coopératif.

Cet article présente les résultats d'une enquête réalisée sous forme de questionnaire auprès des coopératives françaises de collecte-vente de céréales et oléagineux membres de Coop de France – Métiers du Grain qui en a assuré la diffusion. Cette enquête est destinée à mettre en exergue les pratiques de gestion du risque de prix de ces organismes coopératifs.

Les résultats indiquent que la volatilité des prix s'est traduite par d'importants changements au sein des coopératives de collecte-vente de céréales et oléagineux. Ainsi, les deux tiers des structures ont mis en place une politique de gestion des risques. Les petites et moyennes structures coopératives ont une activité de gestion du risque de prix moins formalisée, utilisent moins d'instruments financiers et ont une gamme commerciale de contrats d'apports moins diversifiée. Aussi, l'horizon de gestion des coopératives est lié à l'exposition au risque, ce qui est inhérent à l'incertitude sur la prochaine récolte. Enfin, nous remarquons que les coopératives spécialisées en blé dur se rapprochent le plus du modèle traditionnel de la coopérative de collecte-vente.


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