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La place des sociétaires dans la gouvernance des réseaux bancaires coopératifs
Yann Regnard  1, *@  
1 : Laboratoire Information, Coordination, Incitations  (ICI)  -  Site web
Université de Bretagne Occidentale (UBO) : EA2652, PRES Université Européenne de Bretagne (UEB), Institut des Sciences de l'Homme et de la Société - ISHS
12 rue de Kergoat CS 93837 29238 Brest cedex 3 -  France
* : Auteur correspondant

Un réseau bancaire coopératif désigne un ensemble de coopératives locales ou/et régionales juridiquement autonomes, affiliées à une structure bancaire centrale. L'ensemble fonctionne en partant de la base selon un principe de subsidiarité. Toutefois, malgré une réelle autonomie, les niveaux locaux et régionaux ont tendance à s'aligner sur les recommandations du niveau supérieur. L'objet de cet article tente d'établir si comme annoncé, nous sommes effectivement en présence de réseaux décentralisés d'entités régionales et locales, puisqu'il s'agit d'entités juridiquement autonomes où les sociétaires, puis leurs représentants, seraient amenés à coopérer pour construire un projet commun. Ou bien, à l'inverse, nous cherchons à constater si ces banques coopératives s'articulent en réseaux centralisés sous la conduite d'un pilote qui coordonnerait les entités captives puisque la structure centrale y jouerait un rôle grandissant. Les réseaux coopératifs bancaires se singularisent par leur gouvernance qui s'articule autour d'acteurs hybrides : les sociétaires. Il convient donc d'identifier le rôle politique de ces clients qui sont aussi propriétaires et dont l'unicité du droit de vote est attachée à la personne et non proportionnelle au capital détenu. La théorie, en particulier la théorie de l'agence, les rend en partie responsables de l'inefficacité des coopératives par défaut d'implication et par faiblesse d'intérêt. Un contrôle insuffisant sur les dirigeants salariés entrainerait un pouvoir managérial discrétionnaire accru.

La partie empirique, basée sur les rapports annuels de 2001 à 2012, se présente sous la forme d'une comparaison des quatre grands réseaux bancaires coopératifs français (Crédit Mutuel, Crédit Agricole, Caisse d'Epargne, Banque Populaire) qui ne constituent plus aujourd'hui que 3 groupes coopératifs distincts depuis la constitution de BPCE. Trois hypothèses sont formulées à l'égard des sociétaires. Sont-ils impliqués ? Sont-ils influents ? Y a-t-il une action de mobilisation ? L'analyse longitudinale présente une situation contrastée entre isomorphisme institutionnel et renouveau coopératif. Si les résultats décrivent un effritement progressif de l'influence politique des sociétaires et une concentration des pouvoirs vers l'échelon central, ils laissent également entrevoir des contingents plus nombreux de sociétaires à défaut d'être plus impliqués et un regain de discours mobilisateurs à leur égard.

 


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